Au début des années 30 la disparition des tramways doit être compensée par des autobus. La Société des Transports en Commun de la Région Parisienne (STCRP) commande donc différents modèles de châssis voués à être carrossés en autobus au sein même de la société. Certains, motorisés avec des moteurs 4 cylindres deviendrons des TN4, d'autres, motorisés avec des 6 cylindres deviendront des TN6.
La mécanique simple et robuste est livrée par les usines Renault, l'ossature de la carrosserie est faite en bois et plaquée de tôles en aluminium. Le conducteur est à l'avant et le receveur sur la plateforme arrière. En cas de pluie, ni le conducteur ni le receveur ne sont réellement protégé car le poste de conduite n'est pas pourvu de carrosserie ni de portes. Ce n'est que fin des années 40 que les postes de conduites seront vestibulés pour apporter (un peu) plus de confort au conducteur.
Notre Bus Parisien de 1932 est un TN6A. C'est donc l'un des 770 exemplaires livré à la STCRP en 1932. Ayant circulé à Paris à partir de 1932, portant le numéro de parc 2710, il ne quittera les Parisiens qu'en 1969 ou 1970 après près de 40 ans de circulation et plus d'1 million de kilomètres parcourus dans la capitale. La victoire du front populaire en 1936, l'occupation allemande, la libération, les affrontements de mai 68, les salons de l'agriculture, ... autant d'évènements que ces autobus mythiques ont partagés avec les français.
Son moteur d'origine, un gourmand 6 cylindres à essence de 67chevaux a été remplacé par un moteur 4 cylindres Berliet Diesel. Transformation probablement faite dans les ateliers de la STCRP fin des années 40, non pas pour gagner en puissance mais surtout pour baisser la consommation délirante du moteur d'origine (selon certains plus de 60l/100kms).
Après sa réforme au début des années 70, ce vieux bus sera la fierté d'un musée de province jusqu'en 2018, année au court de laquelle, faute de place, il sera vendu aux enchères avant de rejoindre notre collection.
Bien qu'approchant les 90 ans en 2019, l'heure est donc venue pour le vieux parisien de reprendre du service. Réfection des freins avant et arrière, remplacement du radiateur , une bonne révision du moteur et de la boite de vitesse et une remise à neuf du faisceau électrique, voilà tout ce qu'il aura fallu à ce bon vieux Renault pour reprendre la route.
Une remise à neuf des machoires de freins et un ré-usinage des tambours permettront au bus de retrouver une efficacité de freinage optimum.
Une mécanique simple et robuste... Voilà le secret de l'extraordinaire carrière de ses autobus. Quel véhicule peut aujourd'hui prétendre à une carrière de près de 40 ans sur les routes ?
La carrosserie ? Le plus simple possible et pratique, très pratique même... Pas de porte pour entrer dans le compartiment voyageurs, pas de chauffage, une plateforme pour accueillir les passagers et redémarrer, on achètera le billet auprès du contrôleur une fois à bord. Parfois on monte ou descend alors que le véhicule est en circulation...
Le conducteur ? A l'avant au-dessus du moteur, avec un toit ça suffira, il n'aura qu'à s'habiller chaudement....
Le "design" ? Des courbes, des arrondis, des enjoliveurs, des chromes,... à quoi bon ? Non pratique, simple et économique voilà tout ce qu'il faut. Les parisiens n'auront qu'à s'habituer aux formes de ces bus. C'est d'ailleurs cette silhouette si particulière qui marquera les mémoires de plusieurs générations de parisiens.
Cette allure et cette plateforme unique qui feront des bus parisiens un des symboles forts de Paris.
Notre Bus Parisien lors de sa première sortie en mai 2019... soit 87 ans après sa sortie d'usine...